La ville de Gruissan élabore son schéma de défense contre les incendies dans le massif de La Clape, et à ce titre, avec ses partenaires, réalise une étude d’entretien du patrimoine boisé avec les obligations légales de débroussaillement (OLD). Le brûlage dirigé, le débroussaillage préventif en bord des routes, voies et pistes, la protection du vignoble , la création de « casiers »…. autant d’actions qui font craindre à un changement de paysage en contradiction avec le classement au titre des sites du massif. Nous avons donc été chargés d’en évaluer les impacts paysagers et de faire des préconisations pour que les critères du classement soient respectés.
La fiche du site classé du massif de La Clape mise à disposition par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement d’Occitanie indique sous le titre « Les motivations du classement »
« Le décret fait référence à l'intérêt pittoresque du site. Un rapport explicatif démontre la nécessité de préserver cet espace naturel aux paysages variés en bordure du littoral : relief karstique présentant de nombreuses falaises surgissant au-dessus de bosquets méditerranéens, une succession de plateaux ouverts entaillés par des gouffres, et d'importants vignobles. Le classement du massif de la Clape a par ailleurs été motivé par le schéma directeur d'aménagement du littoral languedocien ( la «Mission Racine»»), qui préconisait la préservation d'espaces naturels à proximité de l'urbanisation touristique. »
Sous la description du site au sous paragraphe « Composantes paysagères et naturelles »
« … Le massif de la Clape présente ainsi un paysage mosaïque, alternant plateaux colonisés par une garrigue basse, collines couvertes de pinèdes, escarpements rocheux, parcelles de vignes parfois encadrées de falaises abruptes...C'est cette richesse paysagère à proximité du littoral, la diversité d'ambiances et de couleurs, qui rendent le massif de la Clape si pittoresque. »
Il est frappant que le motif du classement n’est pas la végétation. C’est d’une part le pittoresque du paysage karstique et d’autre part la volonté de l’Etat de préserver des espaces naturels le long de cette côte.
En fait, en se développant de façon excessive, la forêt de pins d’Alep a ensevelit petit à petit sous son manteau végétal ce qui faisait la particularité du lieu. Elle a banalisé le paysage. Cette omniprésence arborée, au plan du paysage, atteint la valeur pittoresque, objet du classement.
L’étude s’est attachée à classer et sérier les actions en fonction des situations paysagères de façon à pouvoir, par grande famille, faire des propositions qui permettent de retrouver un équilibre entre toutes les problématiques tout en gardant comme finalité «l’identité du territoire ». Mais pour commencer il a fallu définir le paysage de la Clape, les grandes unités paysagères, et mettre au point la notion de « motif paysager » qui est directement issu de la notion de pittoresque. Cinq typologies ont été relevées, déjà notées dans le document d’intervention 2050 Rivages méditerranéens du Conservatoire du Littoral, les creux, les vallons avec la vigne, les pentes couvertes de garrigue, les falaises et les boisements.
Nous proposons de valoriser, et même parfois de retrouver, ces motifs grâce aux différentes interventions qui doivent être faites le long des routes, autour des vignobles, dans les « casiers … Ainsi, contrairement à la situation actuelle, les éléments du pittoresque étant exprimés et mis en valeur, le classement du massif de La Clape prend tout son sens.